Section Foot marocain
Hakim Doumou, président du KACQue pourrait être le destin de Hakim Doumou, sinon de succéder à son père à la tête du KAC, club cher à cette famille, symbole du football dans le Gharb.
Depuis son plus jeune âge, Hakim Doumou a vécu au sein du KAC et connu ses plus illustres joueurs à l’image de Hcina, Kala, Boussati, Khalifa, Jamal et tant d’autres.
L’Histoire du KAC, il la connaît par cœur comme il connaît tous les tenants et les aboutissants du football kénitréen et national.
L’homme est généreux et sympathique, le président est autoritaire, dictateur par moments, poussé par sa passion et son amour pour son équipe, il est aussi quelque part naïf.
Nous avons rencontré ce jeune président à quelques jours de l’assemblée générale du KAC qui s’annonce, contrairement aux rumeurs, des plus normales.
Jalousé, envié, détesté par les uns, aimé, idolâtré, respecté par d’autres, Hakim Doumou se livre ci-dessous sur son bilan après deux années à la tête du KAC.
Q : Vous êtes à mi-parcours de votre mandat, où en êtes-vous ?
R : Je suis nulle part, c’est-à-dire qu’après deux ans, la situation du KAC est toujours la même.
C’est un miracle que l’équipe soit montée et s’est maintenue en première division, et ce, sans infrastructure de base, sans logistique, sans marketing et avec un effectif restreint, nous sommes quand même arrivés là où nous sommes.
C’est une équipe qui ne possède même pas les ABC de la pratique du football : pas de terrain d’entraînement, pas de vrais sanitaires, ni de vestiaires adéquats, pas d’infirmerie, etc.
Ce n’est pas les 150 millions de centimes que nous ont débloqués les élus qu’on va restaurer tout un stade. Il faudrait plus que cela. Le KAC mérite plus, elle est la seule satisfaction d’une ville qui n’est connue que pour ses immeubles effondrés ou ses évasions spectaculaires.
Le KAC tant en basket, qu’en football et maintenant en handball, est le fleuron du Gharb.
Q : Que comptez-vous entreprendre pour, justement, palier à tous ces problèmes ?
R : Nous avons pour projet de construire un centre multi-sports avec un stade d’athlétisme, des terrains de football, un centre de formation du KAC, une salle couverte, une piscine couverte, des salles de classe, un internat, des courts de tennis en tartan, un hôtel, un restaurant, une salle de conférence, une salle de musculation, bref un lieu où pourront se concentrer d’autres équipes même étrangères, tout ça sur 10 ha et avec un budget de 65 millions de dh, vous imaginez le nombre d’emplois que va générer ce projet.
Q : Et les sources de financement ?
R : Le centre de formation sera construit par la fédération et nous avons des partenaires qui sont séduits par le projet. Mais ce n’est pas tant le financement qui m’inquiète. Ce qui me préoccupe le plus, c’est de voir ce projet bloqué quelque part, soit par l’administration, soit par certains élus. C’est dans cette optique que je souhaite (un souhait partagé par tous les Kénitréens) que Sa Majesté le Roi honore Kénitra de sa visite, pour que les choses bougent dans cette ville et dans toute la région. Il est le seul à pouvoir sortir le Gharb de sa léthargie.
Q : Revenons au KAC où l’on vous reproche de diriger tout seul l’équipe sans consulter des fois votre comité.
R : Mon père a connu les mêmes critiques et les mêmes reproches. Ses ennemis d’hier sont mes ennemis d’aujourd’hui, cette animosité envers les Doumou se perpétue chez certains, et on fait avec et on vit avec. D’autres présidents sont passés par là comme M. Benaïssa et M. Sebbar. En plus que ne donne-t-on pour me critiquer ?
Q : A propos de dons et d’argent, quelles sont vos sources de financement au KAC ?
R : Au début de la saison, des personnes comme Yassine Filali, Redouani et Sahil ont prêté au KAC 500.000 dh, je les en remercie infiniment, cela nous a permis de démarrer.
Par la suite, j’ai injecté mon propre argent avant que n’arrive la subvention de la fédération et des aides du conseil provincial (200 millions de centimes), j’espère que cette subvention passera à 4 millions de dirhams la saison prochaine. Le Conseil régional nous a débloqués 30 millions de centimes, le Conseil provincial 180.000 dh, la RAK 100.000 dh et un voyage par bus. Les sponsors ont contribué pour leur part à l’image de Haj Tahar (Koutoubia), Haj Miloud Chaâbi (Super Cérame et Aïn Soltane).
Les autorités locales à leur tête, le wali M. Benchrifa, ont toujours soutenu le KAC. C’est grâce à M. le wali que le sport à Kénitra connaît encore un certain éclat.
Sans ses effets, son aide et son soutien, le sport à Kénitra aurait depuis longtemps été réduit à néant. Q : Quels sont vos rapports avec l’entraîneur et les joueurs ?
R : Ils sont excellents sauf que certains joueurs ne méritent pas tant de sacrifices, j’en suis déçu, mais bon, c’est une expérience de plus.
Q : Et le public ?
R : C’est l’un des publics le plus bien élevé du Maroc, j’en suis fier et je le remercie infiniment. Il a toujours été présent là où le KAC se déplace. C’est formidable d’avoir des supporters pareils.
Q : La violence dans les stades ?
R : Certains adhérents et insatisfaits de la société poussent à la haine, ils viennent donc se défouler le dimanche dans les terrains. Le football est devenu le punching-ball du système social marocain.
Q : Vous-êtes devenu un spécialiste de la montée des équipes du KAC, après le basket, le foot, vous avez grandement contribué à la montée du handball !
R : J’ai toujours cru en cette équipe et aux joueurs et après la démission du président et en tant que kénitréen aimant sa ville et le KAC, je n’ai pas hésité une seule seconde, j’ai mis une feuille de route avec le nouvel entraîneur Mounaïm Benaïssi et les joueurs en collaboration avec Dekkak et Marrouch.
J’ai assaini les finances de l’équipe, j’ai injecté quelque 140.000 dhs pour les salaires et les primes des joueurs et de l’entraîneur.
On a beaucoup travaillé et le résultat ne s’est pas fait attendre, le KAC a rejoint l’élite et a gagné le titre de champion de 2ème division, alors que personne n’y croyait à Kénitra.
Q : Parlez-nous un peu de ce fameux comité des présidents de club !
R : Nous voulons le créer pour en faire une cellule de réflexion dans le but de construire le football marocain. Notre but n’est pas de pousser les gens dehors, loin de nous cette idée.
Nous avons estimé que notre football vaut beaucoup plus, or actuellement il est bradé. Certains règlements et statuts de la Fédération sont périmés, ils doivent être revus. Les assemblées générales du GNF, de la Fédération et des Ligues se tiennent en retard et cela fausse les données d’une bonne gestion.
C’est pour remédier à tout cela que ce comité des présidents a été pensé. Q : L’avenir du KAC.
R : Si l’infrastructure ne s’améliore pas, ce sera un véritable problème et le KAC risquerait de connaître un avenir difficile, très difficile même. Encore une fois, nous comptons sur la bonne volonté de M. le wali, que je remercie beaucoup, pour que cet avenir soit radieux.